Utilisation de l’électrophorèse capillaire pour l’analyse d’agents anticancéreux contenus dans des chimiothérapies produites en milieu hospitalier
2 Section des sciences pharmaceutiques, Université de Genève, Université de Lausanne, Genève, Suisse
Objectif
Etant donné leur forte toxicité combinée à leur marge thérapeutique étroite, les chimiothérapies sont considérées comme des formulations pharmaceutiques à haut risque. Parmi les différents contrôles qui peuvent être appliqués dans les pharmacies hospitalières (contrôles gravimétriques, automatisation…), l’analyse de la formulation produite constitue une option pertinente pour sécuriser la production des chimiothérapies.
Méthodes
Au cours de ce travail, deux méthodes utilisant l’électrophorèse capillaire (CE) ont été développées et validées pour l’analyse de 16 agents anticancéreux contenus dans des formulations pharmaceutiques. Une méthode d’électrophorèse capillaire de zone couplée à une détection UV utilisant un tampon phosphate 100 mM à pH 2.5 contenant 50% d’acétonitrile et un revêtement dynamique des capillaires permet de déterminer doxorubicine, épirubicine, idarubicine, daunorubicine, irinotécan, topotécan, vincristine, vinblastine, vindésine et vinorelbine en moins de 8 min. Méthotréxate, pemetrexed, étoposide, étoposide phosphate, fludarabine phosphate et 5-fluorouracile sont analysés en 16 min par une autre méthode CE basée sur la chromatographie électrocinétique micellaire (MEKC) couplée à une détection UV. Cette méthode utilise un tampon borate à pH 9.2 contenant 80 mM de dodécyle sulfate de sodium et 20 % d’acétonitrile. Pour les deux méthodes développées, une tension de 30 kV et une injection en mode hydrodynamique sont appliquées.
Résultats
Les deux méthodes ont fait l’objet d’une validation : des valeurs de justesse comprises entre 99.4 et 101.3 % sont obtenues avec des répétabilités et précisions intermédiaires de 0.5-1.8% pour tous les composés. Ces deux méthodes ont été appliquées avec succès sur des produits issus de l’unité de préparation des chimiothérapies.
Discussion-conclusion
La CE se révèle un outil analytique particulièrement bien adapté à l’analyse d’agents anticancéreux contenus dans des formulations pharmaceutiques en raison du faible volume d’échantillons nécessaire (< 500 L), du volume restreint de déchets toxiques générés (quelques mL) et de l’exposition réduite de l’analyste aux substances toxiques (système clos).