Réalisation d’une préparation de sodium sulfadiazinate injectable en urgence : rapport de cas

4 octobre 2023

C. Levaux, C. Meex, S. Servais, I. Roland
Centre Hospitalier Universitaire de Liège, Belgique

Objectif
Pathologie généralement inoffensive chez les patients immunocompétents, la toxoplasmose peut engendrer de lourdes conséquences chez les immunodéprimés. Si un traitement adéquat n’est pas instauré rapidement, la mortalité chez les patients allogreffés CSH varie de 60 à 100%. Notre service de Production a été sollicité par un hématologue-greffeur pour réaliser en urgence une préparation parentérale de sulfadiazine pour un patient présentant une GVH aiguë rendant la voie orale totalement indisponible. Une formulation parentérale de sulfadiazinate avait été développée sous forme de lyophilisat en nos murs vers 1990 et n’avait plus été utilisée depuis. Afin de prendre en charge ce patient, nous avons réalisé une préparation injectable extemporanée de sulfadiazinate sodique 100 mg/ml en adaptant le procédé de fabrication à l’urgence.

Méthode
La préparation est réalisée en atmosphère contrôlée et par méthode validée en dissolvant la sulfadiazine à l’aide d’une solution de NaOH 10N ad pH 9.9. La solution finale renferme 0.02% de métabisulfite de sodium et est conditionnée en flacons stériles de 10 ml. Elle est réalisée par filtration stérilisante après préfiltration sur 5 µm. Le pH de la solution finale et l’osmolalité ont été contrôlés. Etant donné l’urgence de la demande, il n’est pas possible de lyophiliser la préparation ni de procéder à la mise en quarantaine. L’inspection visuelle de la solution injectable a été effectuée et la teneur en endotoxines a été analysée sur la matière première et sur le produit fini (ʎ = 0,1 EU/ml). Un double échantillon a été prélevé afin d’une part de réaliser le test bactériologique selon la Pharmacopée et d’autre part en vue d’une détection précoce d’une contamination microbiologique par le service de Microbiologie. Les flacons ont été délivrés au fur et à mesure des besoins cliniques et, toujours, après vérification de l’absence de contamination des échantillons prélevés.

Résultats
Au terme des périodes d’incubation, aucune contamination n’a été relevée. Le patient a reçu 1,5 g de sulfadiazinate 4 fois par jour pendant 16 jours et a bien toléré son traitement. Une fois la GVH aiguë maîtrisée, le shift a été fait vers la forme orale.

Discussion
L’objectif du service de Production est de répondre aux besoins du corps médical en mettant à disposition des préparations sûres et efficaces qui n’existent pas sur le marché belge. Cette expérience ne représente qu’un cas de figure parmi de nombreux autres, mais témoigne encore de l’indispensable rôle du pharmacien dans le développement de médicaments pour ses patients et de son interaction avec les différents spécialistes de l’hôpital. Par ailleurs, pour le pharmacien responsable de production, il est impératif d’envisager la possibilité de sortir du strict cadre réglementaire lorsque les exigences cliniques précipitent le cours habituel de sa pratique. Dans tous les cas, ceci ne peut se faire qu’en offrant, par tous les moyens possibles, la garantie d’un résultat optimal pour le patient.

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