Médicaments chez le nouveau-né et exposition aux parabènes

6 octobre 2022

A. Dupuis (Poitiers)

Les parabènes, conservateurs couramment utilisés dans l’alimentation, les cosmétiques mais également dans les médicaments, sont désormais reconnus comme perturbateurs endocriniens (PE) avérés. Une association entre exposition aux parabènes et troubles de la puberté chez le jeune enfant a récemment été démontrée, confirmant les effets néfastes de ces substances. Les nouveau-nés sont particulièrement vulnérables aux effets PE des parabènes du fait de leur immaturité métabolique et du développement des grands systèmes à cette période de vie, notamment le système endocrinien.
A l’heure actuelle, différents parabènes sont retrouvés dans près de 400 spécialités ainsi que dans certaines préparations, sous forme buvable notamment. Peu d’équipes se sont intéressées à l’exposition des nouveau-nés aux excipients des médicaments de façon générale et aux parabènes en particulier. Quelques études ont mis en évidence la prescription très fréquente de médicaments contenant des parabènes chez les nouveau-nés hospitalisés. En France, une vaste étude (plus de 8000 sujets issus de 35 centres) a montré que plus de 50% des nouveau-nés (85% chez les grands prématurés) étaient exposés aux parabènes, à des taux proches du mg/kg/j, via près de 30 spécialités différentes (orales et injectables) et 5 préparations.
L’exposition aux parabènes via les médicaments pourrait expliquer les taux sanguins de parabènes mesurés chez les nouveau-nés hospitalisés, 10 à 30 fois plus élevés que ceux retrouvés chez l’adulte sain. Cette hypothèse est confortée par la présence de taux sanguins retrouvés chez les nouveau-nés hospitalisés recevant des médicaments contenant des parabènes nettement supérieurs à ceux mesurés dans le sang de cordon lors de l’accouchement. Si la part attribuable au médicament dans l’exposition des nouveau-nés aux parabènes reste à explorer, les données montrent à travers des pratiques différentes qu’il serait possible de proposer des stratégies alternatives dans la prise en charge des nouveau-nés, permettant de limiter cette exposition. Ce constat souligne la nécessité de prendre en compte ces éléments par les industriels dans le développement des médicaments, par les pharmaciens pour le référencement des médicaments dans les établissements de santé ou lors de la substitution à l’officine mais également dans la formulation des préparations pharmaceutiques.

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