Evolution de la contamination chimique au sein d’une Unité de Reconstitution des Cytotoxiques

Introduction
La surveillance de la contamination chimique au sein d’une Unité de Reconstitution des Cytotoxiques (URC) est importante afin d’évaluer et de limiter les contaminations croisées et l’exposition du personnel à ces molécules, notamment par la mise en place d’une décontamination appropriée.

Matériel et méthodes
Nous avons réalisé en 2018 et 2022 une surveillance de la contamination chimique de notre URC sur respectivement 18 et 25 points.
Les prélèvements ont été effectués à l’aide de papiers filtres humidifiés, frottés sur une surface de 225 cm².
18 molécules ont été recherchées pour chaque point, par chromatographie en phase liquide couplée à de la spectrométrie de masse en tandem. Les analyses ont été sous-traitées au laboratoire du Centre Léon Bérard.

Résultats
En 2018, au moins une molécule cytotoxique était détectée sur 10 des 18 points prélevés (55,6%), contre 15 des 25 points prélevés en 2022 (60%).
Les molécules les plus fréquemment détectées étaient le 5-Fluorouracile, le cyclophosphamide, la cytarabine, la gemcitabine, l’ifosfamide et les sels de platine.
Parmi les 324 couples « point prélevé - molécule » interprétables en 2018, 26 étaient positifs (8%). En 2022, ce taux était de 15,8% (70/443).
En 2018, des cytotoxiques étaient retrouvés à une concentration inférieure à 10 fois la limite de détection (LD) à 11 reprises contre 33 en 2022, à 12 reprises entre 10 et 100 fois la LD contre 20 en 2022, et à 3 reprises au-delà de 100 fois la LD contre 17 en 2022.
Les cytotoxiques étaient principalement détectés dans la zone de production (19/26 soit 73% en 2018 et 57/70 soit 81% en 2022), mais aussi au niveau de la zone de dispensation.

Discussion/Conclusion
On note une augmentation de la contamination en cytotoxiques des surfaces de notre unité entre 2018 et 2022 (+31% sur les points analysés les deux années).
Entre ces deux dates, nous avons connu une augmentation d’activité de +10%, et nous sommes passés à un système de contrôle vidéonumérique des préparations pour les ¾ de notre production. Ce contrôle implique de manipuler les seringues remplies de cytotoxiques pour les montrer à la caméra qui valide les volumes prélevés. Nous supposons que cela peut être à l’origine d’une dissémination des cytotoxiques dans l’enceinte de préparation. En effet, les points prélevés en 2022 au niveau des socles de ces systèmes reviennent fortement positifs, beaucoup plus que ceux prélevés au niveau des enceintes de préparation automatisée, où le contrôle est gravimétrique.
La contamination est probablement ensuite véhiculée par les poches de chimiothérapies jusqu’à l’extérieur de la salle blanche.
La technique actuelle de nettoyage de nos surfaces ne semble pas suffisamment efficace pour obtenir une décontamination chimique satisfaisante.
Nous allons donc revoir nos processus et mettre en place un plan d’action en lien avec l’unité de gestion des risques professionnels et la direction d’établissement.

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