Comment protéger d’une exposition aux antimitotiques les acteurs d’une chimiohyperthermie intrapéritonale à ventre ouvert ?
CHU Dijon, France
Les chimiohyperthermies intra-péritonéales (CHIP) sont réalisées selon les équipes à ventre fermé ou à ventre ouvert.
L’avantage d’une CHIP à ventre fermé est une exposition minimale des intervenants à l’antimitotique. L’inconvénient est une exposition inhomogène de la cavité abdominale à la chimiohyperthermie, le liquide circulant entre les drains d’entrée et de sortie empruntant des courants préférentiels.
L’avantage d’une CHIP à ventre ouvert (avec suspension des berges cutanées de l’incision par des fils à un cadre positionné dans un plan horizontal au-dessus de l’abdomen - "coliseum technique" de Sugarbaker) est l’accessibilité de l’abdomen à l’opérateur, qui peut brasser le liquide, mobiliser les viscères, exposer de façon homogène la cavité abdominale à la chimiohyperthermie. L’inconvénient est une exposition des intervenants à l’antimitotique, par le biais des vapeurs dégagées, d’aérosols, de débordements, d’éclaboussures de liquide . Une contamination n’est pas exclue, par voies respiratoire, cutanée, digestive, oculaire. Ce risque potentiel de contamination des intervenants constitue l’obstacle essentiel à la généralisation de la technique ouverte au sein des équipes.
Nous avons conçu une modalité de CHIP originale, "fermée à ventre ouvert" [1], cumulant les avantages des deux méthodes précédentes, sans en avoir les inconvénients. Le principe est de prolonger vers le haut la cavité abdominale de façon étanche par une sorte de "boîte à gants" (Landanger, France). Les berges de l’incision cutanée sont agrafées de façon rapprochée à un prolongateur en caoutchouc, montant s’appuyer sur un cadre spécial, auquel s’adapte un couvercle transparent. Deux couvercles ont été mis au point :
- un couvercle présentant une fenêtre, à laquelle s’adapte un dispositif « Gelport » (conçu à l’origine pour permettre une assistance manuelle en chirurgie laparoscopique ) (fig.1)
- un couvercle présentant deux fenêtres, auxquelles s’adaptent des gants munis de ronds de gants (fig.2).
L’opérateur a le choix entre ces deux couvercles, le premier étant plus ergonomique mais aussi plus onéreux que le deuxième.
![]() Fig. 1 |
![]() Fig. 2 |
Ces deux montages ont été alternativement utilisés lors d’une quarantaine de CHIP. Ils ont effectivement permis une exposition optimale du patient, une exposition minimale des intervenants à l’antimitotique, ils se sont avérés fiables et reproductibles.
Sur un plan subjectif, une enquête écrite anonyme menée auprès du personnel de notre bloc opératoire a montré une amélioration significative du sentiment de sécurité (p=0,0002), 96,5 % des personnes interrogées se déclarant rassurées par la présence de cette « boîte à gants » [2].
[1] Benoit L, Cheynel N, Ortega Deballon P, Di Giacomo D, Chauffert B, Rat P.
Closed hyperthermic intraperitoneal chemotherapy with open abdomen : a novel technique to reduce exposure of the surgical team to chemotherapy drugs.
Ann Surg Oncol. 2008 ;15:542-546
[2] Ortega Deballon P, Facy O, Laluc G, Rousselet V, Di Giacomo G, Chauffert B, Ghiringhelli F, Manuelian M, Rat P.
Sentiment de sécurité du personnel en fonction de la technique de chimiohyperthermie intrapéritonéale. Etude comparative entre méthode ouverte et semi-ouverte.
J Chir. 2010 ;147 :79-83