Symposium Asept In Med
2 octobre 2024
N. Grova, F. André, S. NdawINRS, Département de Toxicologie et de Biosurveillance Morvan, CS 60027, 54519 Vandoeuvre-lès-Nancy Cedex, France.
Les menaces cachées des médicaments cytotoxiques pour les professionnels de la santé
Les médicaments cytotoxiques utilisés pour traiter le cancer sont intrinsèquement toxiques en raison de leurs propriétés génotoxiques, tératogènes et cancérigènes. Les professionnels de la santé peuvent y être exposés lors de leur fabrication, de leur préparation, de leur administration et de leur élimination. La contamination se produit principalement par inhalation d’aérosols et par contact avec la peau ou lors de la manipulation de médicaments cytotoxiques et d’excrétas de patients. Il est donc essentiel de garantir la sécurité des travailleurs en mettant en place des mesures de prévention adaptées. Au cours des dernières décennies, le lien entre l’exposition aux médicaments cytotoxiques sur le lieu de travail et les risques pour la santé des professionnels de santé a été clairement établi. Aujourd’hui, les défis persistent en raison de l’augmentation des taux de cancer et de l’utilisation croissante de médicaments cytotoxiques en dehors de l’oncologie. Le vieillissement de la population et les progrès de la médecine entraînent également une augmentation de l’utilisation de médicaments cytotoxiques.
Bien que les agences nationales, européennes et de sécurité reconnaissent qu’une faible exposition à ces médicaments cytotoxiques est dangereuse, une approche harmonisée de leur utilisation fait toujours défaut. En 2019, un accord a été conclu pour s’assurer que les médicaments cytotoxiques respectent les exigences minimales en matière de santé et de sécurité pour les travailleurs de la santé. Ces exigences sont conformes à celles énoncées dans la directive 98/24/CE du Conseil et la directive 2004/37/CE relative aux agents cancérigènes et mutagènes. Dans ce contexte, la Commission européenne prépare actuellement un nouveau document d’orientation visant à promouvoir l’utilisation sûre des médicaments dangereux sur le lieu de travail.
Les données présentées mettent en évidence un aperçu de l’exposition dans les pharmacies hospitalières, les services d’oncologie et les unités de chirurgie et de soins intensifs pratiquant la chimiothérapie intrapéritonéale. Les principaux déterminants de l’exposition doivent être identifiés et gérés pour maîtriser le risque cytotoxique. À cette fin, des mesures de contamination superficielle de l’environnement de travail ont été effectuées afin d’identifier les principales sources d’exposition et les catégories professionnelles susceptibles d’être exposées directement ou indirectement. En parallèle, le niveau d’imprégnation des travailleurs a été évalué en analysant les composés cytotoxiques d’intérêt dans l’urine au début et à la fin de leur poste. Bien que des efforts importants aient été consentis pour réduire l’exposition et la maintenir aussi faible que possible, nos données soulignent la nécessité d’un suivi régulier de l’exposition afin de maintenir un haut niveau de vigilance chez les travailleurs et d’éviter tout relâchement dans le temps. Pour progresser dans ce domaine, l’INRS participe actuellement à une étude trans-sectorielle européenne (Parc-Horizon Europe, 56 partenaires) dans le domaine de la santé hospitalière afin d’évaluer l’exposition et les risques liés aux substances chimiques prioritaires par la biosurveillance de l’exposition et des effets. Cette étude contribuera à l’amélioration des conditions de travail saines et sécuritaires.