Réduction du débit d’air en unité de reconstitution de chimiothérapie pendant une période de repos sans compromettre les paramètres environnementaux durant l’activité, dans une démarche éco-responsable
1er octobre 2025
A. Le Gall, A. Glavieux, C. MelinCentre Hospitalier de Périgueux, France
Objectifs
La transition énergétique est un enjeu majeur du XXIème siècle. La réduction
des émissions de gaz à effet de serre est cruciale pour atteindre les objectifs de l’Accord
de Paris (–80 % d’ici 2050). Le secteur de la santé en France émet 49 MtCO₂e/an, soit 8 %
des émissions nationales. Plusieurs axes d’amélioration ont été identifiés, tels que
l’optimisation de l’usage des médicaments, de l’alimentation, des transports, de l’efficacité
des infrastructures et de la gestion des déchets. Cette étude se concentre sur l’efficacité
des infrastructures en réduisant le débit d’air pendant les périodes de repos dans une unité
de reconstitution de chimiothérapie (URC) et en explorant l’applicabilité de cette approche
à d’autres zones sensibles à la contamination.
Méthodes
Les paramètres environnementaux ont été mesurés en triplicata à l’aide
d’appareils calibrés sur une période de deux semaines. La température, l’humidité, les
débits d’air, et le différentiel de pression entre la salle de préparation et la zone d’habillage,
ainsi qu’entre la zone d’habillage et l’extérieur, ont été évalués à l’aide d’une valise
multifonctions combinée à un anémomètre à fil chaud et un cône de mesure. Des tests de
comptage particulaire et microbiologique ont été réalisés à l’aide d’un compteur de
particules portable et d’un aérobiocollecteur. Ces évaluations ont été effectuées à la fois
pendant l’activité et après une réduction progressive du débit d’air hors activité, afin de
garantir la conformité avec les Bonnes Pratiques de Préparation (BPP).
Résultats
Avec le réglage actuel, tous les paramètres étaient conformes aux BPP, à
l’exception d’une contamination filamenteuse dans l’air et d’un déficit de pression entre la
zone d’habillage et l’extérieur, chaque fois inférieur aux 15 Pa requis. En ajustant la
pression d’extraction à 88,3 % de sa valeur initiale, la pression est montée à 18 Pa entre la
zone d’habillage et l’extérieur. Appliquer cet ajustement 12 heures par jour entraînerait une
augmentation annuelle de 600 kWh, équivalant à 5 € et 30 kgCO₂e en 2023, en raison de
la compensation de chauffage. Réduire le débit d’air entrant à 90 % et la pression
d’extraction à 60 % a entraîné une augmentation du différentiel de pression entre la zone
d’habillage et l’extérieur à 24,8 Pa. Cependant, la différence de pression entre la salle de
préparation et le sas est tombée à 8,1 Pa, en dessous de la limite des BPP fixée à 10 Pa.
Cette configuration permet une diminution de 800 kWh, soit 283 € et 60 kgCO₂e en 2023.
Toutefois, l’ajout d’un registre dans la salle de préparation est nécessaire pour corriger la
pression. Dans une stratégie éco-responsable, le réglage de la température à 18 °C
pendant les périodes de repos permettrait une économie annuelle de 243 € et 237 kgCO₂e
en 2023.
Conclusions
Aucune étude antérieure sur l’optimisation du débit d’air dans les URC n’a
été identifiée. Une étude rétrospective a estimé que la consommation d’énergie représente
9,3 % de l’empreinte carbone totale d’une URC. L’application de stratégies de réduction du
débit d’air et de la température doit être adaptée à chaque site, en tenant compte des
sources d’énergie primaire et de la conception du réseau aéraulique. Une qualification de
performance est également nécessaire pour valider les modifications. L’extension de cette
approche à d’autres zones sensibles à la contamination est envisageable, en tenant
compte des textes réglementaires propres à chacun de ces espaces.
Mots-clés : Gaz à effet de serre ; réduction du débit d’air ; réduction de la température