Préparation magistrale de fumagilline pour le traitement de microsporidiose à E. bieneusi : Entre pénurie de matières premières et besoin thérapeutique majeur.
28 septembre 2021
S. Filali1, C. Dupuis1, A. Louguet1, M. Rabodonirina2, N. Laverdure3, Ph. Poirier4, A. Von Kanel1, B. Lapras1, C. Pivot1, C. Paillet1, C. Merienne1, F. Pirot11 Unité de Préparation et de Contrôle des Médicaments, plateforme FRIPHARM, Pharmacie à usage intérieur, Groupement Hospitalier Edouard Herriot - Hospices Civils de Lyon.
2 Service de parasitologie et mycologie médicale, Groupement Hospitalier Nord - Hospices Civils de Lyon.
3 Service de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques, Hôpital Femme Mère Enfant - Hospices Civils de Lyon.
4 Service de parasitologie mycologie, CHU de Clermont-Ferrand - Hôpital Gabriel Montpied.
Contexte et objectifs
La fumagilline est un antimicrobien hématotoxique indiquée dans le traitement de la microsporidiose intestinale à E. bieneusi, responsable de diarrhées sévères potentiellement mortelles chez l’immunodéprimé [1]. L’arrêt de commercialisation de la seule spécialité commerciale démontrée comme efficace nécessite un recours à une préparation magistrale (PM) dans un contexte de pénurie de matière première (MP) chimiquement instable. Nous rapportons une démarche translationnelle ayant permis de mettre à disposition un traitement de microsporidiose à E. bieneusi (MEB) chez des patients immuno-déprimés.
Matériels et méthodes
Une demande d’échantillon de fumagilline, adressée auprès de l’ancien détenteur de l’autorisation de mise sur le marché avec information à ANSM, a été accordée avec un transfert de MP (-80°C). A réception, des analyses de la MP par infra-rouge, spectrométrie UV et chromatographie liquide haute performance couplé à la spectrométrie de masse (CLHP-MS) ont été réalisées par notre laboratoire de contrôle. La formulation d’une suspension de fumagilline (20 mg/ml) dans un excipient huileux de propylene glycol dicaprylate/dicaprate (e.g., excipient rapporté dans l’ancien résumé des caractéristiques du produit) a été réalisée par dispersion de la poudre dans l’excipient puis répartition dans des gélules hermétiquement fermées. La teneur en fumagilline des gélules a été déterminée par spectrométrie UV et CLHP-MS, puis une demande de dérogation pour traiter, deux patients présentant une MEB a été formulée auprès de la Commission du Médicament et des Dispositifs Médicaux Stériles (COMEDIMS).
Résultats et discussion
Les analyses de la MP et de la teneur en fumagilline de la PM étaient conformes aux spécifications physicochimiques dans le respect strict des conditions de stockage limitant l’hydrolyse et la photodégradation du principe actif. La demande de dérogation a été accordée par la COMEDIMS.
Conclusion
Le recours à une PM de fumagilline est une solution pharmaceutique concrète et translationnelle répondant à un besoin thérapeutique majeur.
1. E.S. Didier, L. M. Weiss. Microsporidiosis : not just in AIDS patients. Curr Opin Infect Dis. 2011 Oct ;24(5):490-5.