Poches bi compartimentées : un nouveau conditionnement pour les préparations instables d’anticancéreux injectables ?
3 octobre 2024
L. Nobilet1, L. Hassani1, M. Detroit1, N. Castor1, V. Multon1, D. Schlemmer2, M. Antignac1, D. Combeau1, A. Desnoyer1, H. Sadou Yaye11 Pharmacie, AP-HP Sorbonne Université Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière, Paris, France
2 Laboratoire de suivi thérapeutique pharmacologique spécialisé, AP-HP Sorbonne Université Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière, Paris, France
Objectif
La stabilité courte de certaines préparations d’anticancéreux (AK) injectables pose un réel problème organisationnel et économique pour les établissements de santé, impliquant notamment la mise en place de procédures dégradées pour les administrations prévues en dehors des heures d’ouverture des unités de production. L’hydrolyse étant le principal mécanisme de dégradation des AK, un prototype de poche bi-compartimentée vide (PBiC), permettant de séparer le principe actif de son solvant pour une dilution extemporanée, a été conçu avec un laboratoire partenaire. L’objectif de cette étude est d’évaluer la faisabilité technique de ce prototype.
Matériel et méthodes
Evaluation de l’intégrité de la thermosoudure de la PBiC, visuelle et par chromatographie liquide (LC) couplée à un détecteur ultraviolet à J0, J7, J14, J21 et J28. Les compartiments ont été préalablement remplis au maximum de leur capacité : compartiment A (fluorescéine 1%), compartiment B (eau pour préparations injectables) et soumis à la pression (10 kg, n=3) ou à la congélation (-80°C, n=3).
Etude de la stabilité du busulfan (Fresenius®, stabilité 15h selon Résumé des Caractéristiques du Produit) dans la PBiC par analyse de variation de la teneur par LC couplée à la spectrométrie de masse (LC-MS) dans différentes conditions (2-8°C, n=6 et 25°C, n=6, à l’abri de la lumière) à J0, J3, J7, J14, J21 et J28, après mise au point d’une méthode de dosage contre étalon interne (busulfan-D8).
Résultats
Aucune migration de fluorescéine du compartiment A vers B n’a été mesurée à J7. A J14, une poche sous pression et une poche congelée présentaient une rupture franche de la thermosoudure. La méthode LC-MS s’est révélée spécifique (absence d’interférence), linéaire (R 2 > 0.99), exacte et précise (CV < 3%). Les variations de teneur en busulfan pur dans la PBiC conservée à 2-8° étaient de 95,35 ± 5,71% à J3, 101,46 ± 5.02% à J7, 96.33 ± 5.00% à J14, 96.86 ± 6.29% à J21 et 97.68 ± 3.31% et conservée à température ambiante de 101,56 ± 4.43% à J3, 98.48 ± 8.16% à J7, 96.09 ± 8.09% à J14, 95.71 ± 4.06% à J21 et 96.86 ± 4.52% à J28.
Discussion/Conclusion
La PBiC montre une parfaite étanchéité entre les deux compartiments aux conditions extrêmes après 7 jours. Par ailleurs, le busulfan pur s’est révélé stable dans la PBiC jusqu’à 28 jours, y compris à température ambiante. Ceci suppose que la PBiC pourrait-être une solution fiable pour la préparation anticipée de cet AK. Une étude des interactions contenant-contenu, en cours de réalisation, permettra de compléter ces résultats. Des études devront par ailleurs être conduites pour chaque AK concerné afin d’étendre son application. A terme, ce nouveau dispositif pourrait se révéler extrêmement utile pour la gestion des molécules peu stables et/ou onéreuses y compris en dehors des horaires d’ouverture des unités de production.