Évaluation de la contamination environnementale par le cyclophosphamide et le paclitaxel pour limiter le risque d’exposition professionnelle aux médicaments anticancéreux dans deux sites hospitaliers d’un Centre de Lutte Contre le Cancer

Objectif
Depuis 2018, un suivi annuel de la contamination environnementale par le cyclophosphamide est effectué dans les deux hôpitaux de notre institution (100 points/an). Récemment, l’ANSES a publié un rapport classant les travaux exposant aux substances actives cytotoxiques comme des procédés eux-mêmes cancérogènes. Nous rapportons ici les résultats de notre 3ème campagne de prélèvement effectuée en 2021.

Méthodes
Une nouvelle méthode LC-MS/MS a été développée et validée pour quantifier des traces (ng) de cyclophosphamide et de paclitaxel. Des prélèvements de surface ont été effectués dans les unités de production et les hôpitaux de jour (HDJ) de deux sites hospitaliers avec l’aide d’externes en pharmacie. Les principaux points étudiés étaient : 1) l’efficacité de la procédure de décontamination des flacons industriels ; 2) la contamination des zones de réception et d’administration (HDJ) ; 3) la contamination extérieure des poches de chimiothérapies (sur les pieds à perfusion) ; 4) l’efficacité du nettoyage au sol. Les résultats ont été exprimés en ng/cm2 en considérant une contamination inférieure à 0,100 ng/cm2 comme « safe ».

Résultats
Un total de 109 prélèvements ont été réalisés : 93% étaient positifs au cyclophosphamide ; 91% au paclitaxel. Les résultats ont confirmé l’efficacité de la décontamination des flacons industriels : de [0,003-0,131] (avant décontamination) à [0,003-0,022] ng/cm2 (après décontamination) pour les flacons de cyclophosphamide, et de [NQ-0.146] à [ND-0.006] ng/cm2 pour les flacons de paclitaxel. La contamination au cyclophosphamide dans les zones d’administration a diminué : de [ND-27,32] (2018) à [ND-5,642] ng/cm2 (2021). Néanmoins, la contamination des pompes à perfusion était bien plus importante pour le paclitaxel ([0.005-1,191] ng/cm2). Des poches ont montré une contamination externe significative au cyclophosphamide ([0,001- >6,985] ng/cm2) et au paclitaxel ([ND-0,517] ng/cm2), particulièrement celles préparées par l’automate PharmaHelp^®. Sur le sol, nous avons observé une efficacité à la fois du nettoyage effectué par la société extérieure mandatée et de l’utilisation du détergent neutre Klercide^TM, mais essentiellement pour le cyclophosphamide. Ces données ont été communiquées aux différents professionnels.

Discussion-Conclusion
L’exposition professionnelle aux médicaments anticancéreux est de plus en plus discutée en Europe et donc en France. Durant la pandémie (Covid-19), les procédures de désinfection ont été améliorées au bénéfice d’une réduction de la contamination chimique dans les HDJ étudiés. Nos protocoles de décontamination semblent plus efficaces sur les molécules hydrophiles si l’on considère les résultats observés pour le paclitaxel. Ces résultats confirment la nécessité de développer des méthodes analytiques multi-composés pour contrôler de mieux en mieux le risque d’exposition professionnelle.

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