Évaluation de la contamination chimique par des molécules cytotoxiques au sein d’une Unité de Reconstitution des Chimiothérapies (URC) dans un hôpital français
4 octobre 2023
M. Masson, J. Heloury, N. Kerneur, E. Peguet, E. JobardHôpital Yves Le Foll, Saint-Brieuc, France
Objectif
Les antinéoplasiques sont considérés comme des médicaments dangereux1. Ils représentent un risque à la fois pour les patients et pour les professionnels de santé, de la préparation à l’administration. L’objectif de cette étude est d’évaluer la contamination chimique au sein de l’URC.
Matériels/Méthodes
Les kits de prélèvements proviennent de CYTOXLAB ® (Suisse). Cette méthode permet de détecter 25 cytotoxiques différents parmi les plus utilisés. Nous avons réalisé 2 séries de 15 prélèvements au sein de l’ensemble de l’URC : à l’intérieur et à l’extérieur des isolateurs (375 résultats/série). Ces prélèvements ont été analysés par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse. Les résultats sont exprimés en ng par cm 2 pour chaque prélèvement. La 1ère série a été réalisée dans les plus mauvaises conditions possible : à la fin de l’activité et avant nettoyage. Différentes parties de l’unité ont été analysées : les isolateurs, le téléphone, la paillasse de libération, le conditionnement secondaire des poches et leurs dispositifs de transport. Pour la 2nde série, nous nous sommes focalisés sur les sites positifs : à l’intérieur des isolateurs et les dispositifs de transport, avant et après nettoyage.
Résultats/Discussion
Concernant la 1èresérie, 46% (7/15) des sites de prélèvement sont positifs pour au moins un anti-cancéreux ce qui correspond à 5,1% (19/375) de prélèvements positifs pour un total de 533,4ng. Les isolateurs représentent le principal site de contamination : 15/19. Les autres sites positifs (4/19) sont les dispositifs de transport des chimiothérapies (2/19), le téléphone et le sol du sas de stockage. Des mesures correctives ont été apporté suite à ces résultats. Nous avons sensibilisé l’ensemble du personnel à contrôler cette exposition : port d’équipement de protection individuel, utilisation de détergent tensioactif, rythme de décontamination des glacières et des chariots de transport. Pour la 2ndesérie, nous avons observé 5,1% de prélèvements positifs pour un total de 67,2 ng. Nous nous sommes focalisés sur l’intérieur des isolateurs et nous avons observé 4% (22,5ng) de prélèvements positifs avant nettoyage versus 2,8% (14,8ng) après nettoyage. Une diminution de la contamination chimique a été observé sur les dispositifs de transport (2/19 versus 1/19). La 2ndesérie a permis d’évaluer l’efficacité des mesures correctives adoptées. La poignée de la poubelle de l’isolateur des cytotoxiques représente un haut lieu de contamination (403,5ng pour la 1 ère série et 19,1ng pour la 2nde série). Cela s’explique par la difficulté à atteindre la poignée lors de la décontamination. Ce travail a permis d’avoir une vision globale de la contamination chimique au sein de toute l’URC en conditions réelles et de valider les actions correctives. La contamination de surface a été retrouvé, principalement, dans les équipements de production puis disséminée dans l’environnement.
Conclusion
Il n’existe pas de valeur seuil pour la contamination chimique dans les référentiels, ce qui rend l’interprétation difficile. La proportion d’échantillons positifs reste très faible. Cela semble très difficile d’avoir des valeurs égales à 0 mais le but est d’y tendre au maximum et d’effectuer des évaluations annuelles. Pour poursuivre cette étude, nous pourrions évaluer la contamination chimique de l’unité d’hospitalisation de jour d’oncologie et réfléchir à une conception des isolateurs permettant une
décontamination plus simple.
1. Centers for Disease Control and Prevention. Hazardous Drugs : Draft NIOSH List of Hazardous Drugs in Healthcare Settings, 2020 ; Procedures ; and Risk Management Information