Evaluation d’un dispositif d’administration sécurisé sur la réduction du risque d’exposition aux anticancéreux des infirmières : une étude comparative prospective.

14 octobre 2019

Fabien Forges , Bastien Raymond, Marion Hugues, Agnes Macé, Sandrine Menguy, Xavier Simoens.
Institut de Cancérologie Lucien Neuwirth, St Etienne, France.

Introduction
Malgré la diminution de la contamination du circuit des chimiothérapies, l’administration reste une étape à risque d’exposition pour les infirmières. Des dispositifs d’administration sécurisés (DAS) visent à réduire ce risque, mais aucun n’a démontré son efficacité réelle.

Matériels et méthodes
Une étude monocentrique comparative de type avant/après a été menée dans un hopital de jour d’oncologie. L’objectif était d’évaluer l’efficacité d’un DAS sur la réduction de l’exposition des infirmières aux anticancéreux par rapport à la pratique habituelle (perfuseurs purgés au solvant neutre). Le taux de contamination des gants utilisés pour l’administration d’une cure a été estimé. Les protocoles éligibles devaient contenir l’un des 10 produits d’un panel identifié par méthode HPLC-MS, en particulier le cyclophosphamide et le pemetrexed dont les concentrations thérapeutiques étaient les plus élevées, et au moins un geste de débranchement. Le docetaxel, le paclitaxel, l’irinotecan, l’ifosfamide, le methotrexate, l’etoposide, la vinblastine et le topotecan étaient aussi recherchés. Pour valider l’extraction, chaque lot de gants était contaminé par du topotecan qui n’était pas administré en hopital de jour durant l’étude. Le nombre d’échantillons nécessaires pour démontrer une réduction de contamination de 70% était de 60 par période. Les liens entre la contamination et d’autres variables ont été étudiés par analyse multivariée.

Résultats
Pendant la phase contrôle, le cyclophosphamide a été manipulé dans 95% des cures, le docetaxel dans 41.7% et le pemetrexed dans 5%. Pendant la phase DAS, le cyclophosphamide a été manipulé dans 93.3% des cures, le docetaxel dans 30%, le paclitaxel dans 10% le pemetrexed dans 6.7%. La pratique habituelle a conduit à un taux de contamination de 58.3% et de 15% pour la phase DAS : les DAS ont réduit le risque de contamination de 84% (OR=0.16 ; 95%CI=0.05-0.47 ; p<0.001). Le topotecan a été identifié dans 100% des échantillons. Comme attendu, du cyclophosphamide et du pemetrexed ont été retrouvés, mais pas de docetaxel. Seulement un cas de contamination croisée à l’irinotecan a été retrouvé sur 2 échantillons alors qu’il n’avait pas été manipulé par les infirmières.

Discussion
Malgré la purge des perfuseurs au solvant, l’exposition des infirmières reste élevée. Les DAS permettent de réduire significativement cette exposition. Néanmoins, la contamination des gants est seulement un critère de jugement intermédiaire. L’absence de détection du docetaxel s’expliquerait par sa faible concentration thérapeutique, une limite de détection élevée et pas de débranchement en fin de perfusion. La seule contamination croisée observée était due à la fuite d’une poche. Ceci valide la qualité environnementale du circuit des chimiothérapies.

En conclusion, les DAS ont été hautement efficace mais n’ont pas totalement éliminé le risque d’exposition.

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