Empreinte carbone d’une unite de production de chimiothérapie : évaluation au sein d’une pharmacie hospitalière
3 octobre 2024
M. Chabane1, C. Fagnoni-Legat1, C. Hosotte2, M. Jehl-Rave1, G. Barbier1, S. Bonnot-Perrin1, L. Carrez2, S. Limat1,3, M. Kroemer1,31 CHU de Besançon, Pharmacie, Besançon, F-25000, France
2 Department of pharmacy, Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, 1011 Lausanne, Switzerland
3 Université de Franche-Comté, EFS, INSERM UMR RIGHT, Besançon, F-25000, France
Contexte
Au cours de la dernière décennie, l’évaluation de l’impact environnemental est devenue une préoccupation majeure pour les activités humaines, et cela vaut également pour la santé. En France, le secteur de la santé émet environ 49 millions de tonnes d’équivalents CO2 (CO2eq) par an. Cela représente 8 % des émissions nationales totales de gaz à effet de serre (GES), dont 38 % sont attribuables aux hôpitaux. Dans ce contexte, évaluer l’empreinte carbone d’une unité consommatrice de ressources, telle qu’une unité de reconstitution de cytotoxiques (UCR), est essentiel pour promouvoir la durabilité environnementale. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’empreinte carbone d’une UCR.
Méthodes
Une étude rétrospective a été menée dans une UCR française produisant plus de 51 000 préparations par an en 2022. L’impact du réchauffement climatique lié aux émissions d’éq. CO2 a été déterminé pour les médicaments (en utilisant le Facteur d’Émission monétaire français), le matériel à usage unique (en utilisant la base de données Base Empreinte®), l’énergie des dispositifs électriques, le transport du personnel et les déchets.
Résultats
L’empreinte carbone de l’UCR était égale à 18 230,7 tonnes de CO2eq. Les médicaments antinéoplasiques représentaient plus de 18 179 tonnes de CO2eq. En excluant la part des médicaments, elle était égale à 51,7 tonnes de CO2eq. Plus précisément, la répartition des sources d’émissions de CO2eq était la suivante : transport du personnel (35,9 %), déchets (21,1 %), dispositifs médicaux stériles à usage unique (18,1 %), consommation d’énergie (9,3 %), équipements de protection individuelle jetables (8,5 %), et sacs et bouteilles de solvants (7,1 %).
Conclusion
Cette étude nous incite à identifier les principales sources d’émissions de GES au sein d’une UCR. Les pistes d’amélioration pour réduire l’impact sur le réchauffement climatique pourraient inclure la déprescription des médicaments antinéoplasiques, la réduction du transport du personnel par le télétravail ou le covoiturage, ainsi qu’une révision de notre processus de production pour réduire la production de déchets.
(1) The Shift Project. Décarbonner la santé pour soigner durablement. Rapport final, version 2023
(2) Lattanzio S, Stefanizzi P, D’ambrosio M, Cuscianna E, Riformato G, Migliore G, et al. Waste Management and the Perspective of a Green Hospital—A Systematic Narrative Review. Int J Environ Res Public Health. 28 nov 2022 ;19(23):15812.