Développement d’une méthode de dosage indicatrice de stabilité et étude de la stabilité physico-chimique de l’Etoposide phosphate dans une solution de chlorure de sodium 0,9 %
2 octobre 2024
C. Gons, L. Roquefeuil, R. Ratiney, C. Cotteret, A. Schweitzer-ChaputAPHP, Hôpital Universitaire Necker Enfants Malades, France
Introduction
Le syndrome d’activation macrophagique (SAM) est une complication rare mais potentiellement fatale de certaines hémopathies, caractérisée par une infiltration tissulaire de macrophages activés. Le traitement de référence consiste en l’administration intraveineuse d’Etoposide phosphate (EP), un inhibiteur des topo-isomérases II, à la dose de 150 mg/m². La prise en charge de cette urgence thérapeutique nécessite de pouvoir disposer sans délai d’EP préalablement reconstitué et dilué sans risque de contamination pour le personnel et l’environnement. Une manière d’y répondre est la mise en place de doses standards.
L’objectif est de développer une méthode de dosage indicatrice de stabilité, et d’étudier la stabilité d’une solution d’EP à la concentration de 1 mg/mL dans des poches de chlorure de sodium 0,9% pour disposer de doses standards disponibles à tout moment.
Matériel et Méthode
Une méthode indicatrice de stabilité par chromatographie liquide à haute performance en polarité de phase inversée couplée à un détecteur UV à barrettes de diode a été développée et validée selon les recommandations ICH Q2 R1. Des essais de dégradation forcée en conditions acide, alcaline, oxydative et thermique ont été menés. L’EP, après reconstitution selon le résumé des caractéristiques du produit, a été dilué dans une poche de chlorure de sodium 0,9 % en polyoléfine, à une concentration de 1 mg/mL. Une étude de stabilité a été réalisée dans deux conditions de stockage : 25°C ± 3°C (n=3) et 4°C ± 3°C (n=3). Un suivi de la teneur en EP, du pH et des caractères organoleptiques a été réalisé à J3, J7, J10, J14, J21 et J28.
Résultats
La méthode indicatrice de stabilité est linéaire (R² = 0,999), fidèle (répétabilité <1 % ; CV de fidélité intermédiaire <2%), et juste (erreur relative <5% sur les différents niveaux de contrôle). La phase mobile est composée d’un tampon phosphate à pH 3,2 (80%) et d’acétonitrile (20%) avec un débit de 1 mL/min, et un volume d’injection de 20µL. La longueur d’onde de détection est fixée à 210 nm. L’étoposide, métabolite actif de l’EP, est mis en évidence à un temps de rétention distinct (T2 = 10,5min versus T1 = 5,2min pour l’EP). L’étude de dégradation forcée montre une dégradation importante en milieu basique et modérée en milieu acide, sans interférence des produits de dégradation. L’étude de stabilité montre une variation de la teneur en EP inférieure à 5 % à température ambiante et à 4°C pendant 3 jours. Aucune modification du pH ou des caractères organoleptiques (examen visuel, couleur) n’a été observée. L’étude est toujours en cours.
Conclusion
La solution injectable d’EP diluée dans une poche de chlorure de sodium 0,9 % en polyoléfine à 1 mg/mL est stable 3 jours à température ambiante et à +4°C. La poursuite de l’étude sur une durée prolongée permettra de vérifier si la stabilité de l’EP est suffisante pour la mise en place de doses standards dans la prise en charge rapide du SAM.