Comparaison du comportement rhéologique de véhicules pour suspension prêts à l’emploi et formulés pour les patients atteints de troubles de la déglutition
2 octobre 2024
P. Claraz, L. Fillaudeau, C. Guillemot, F. Puisset, C. ArellanoIUCT Oncopole, Toulouse, France
Introduction
Deux véhicules prêts à l’emploi pour suspension buvable sont utilisés : Orablend© (OB) et Inorpha© (InO). Ils permettent de gagner du temps en supprimant l’étape de formulation mais peuvent ne pas être optimaux en termes de composition (excipients à effet notoire) ou de viscosité or celle-ci influence leur stabilité physique. L’objectif de ce travail était d’étudier le comportement rhéologique de ces véhicules et la stabilité physique des suspensions réalisées avec chacun d’eux, de les comparer i) entre eux ii) et avec un véhicule formulé contenant 0,4% de gomme xanthane (GX) comme agent épaississant.
Matériels/méthodes
Six flacons de suspension ont été réalisés en dispersant la même quantité de poudre témoin (homogénéité granulométrique contrôlée) dans chaque véhicule. La quantité de GX dans la formulation a été déterminée pour atteindre la même viscosité d’OB comme référence. Le comportement rhéologique a été étudié à l’aide d’un rhéomètre HAAKE MARS III et d’une géométrie cône (C60/1°) – plan (P20). Une rampe ascendante et descendante de contraintes a été appliquée à 1,5 ml de chaque suspension. La cinétique de sédimentation aux jours 0, 30, 60 et 90 a été évaluée avec TurbiscanLAB® par mesure de la transmission à 0° et de la rétrodiffusion à 135°, avec des balayages à la longueur d’onde de 880 nm à 25°C. Pour InO, une mesure complémentaire sur 24 heures à J0 a été réalisée. La remise en suspension a été étudiée sur 30 ml de suspension de chaque véhicule après 90 jours de sédimentation. Le nombre d’inversions nécessaires à une remise en suspension visuellement homogène a été déterminé par 8 opérateurs indépendants.
Résultats
InO présente un comportement newtonien tandis que OB et GX présentent un comportement non newtonien et rheofluidifiant. La viscosité moyenne à 57 s-1 de chaque suspension était (moyenne [écart-type]) de 14,05 [0,08] cP ; 72,33 cP [1,29] ; et 80,1 cP [0,41] pour Ino, OB et GX respectivement. La fraction de lumière rétrodiffusée au bas cellule augmente rapidement dans InO montrant la formation d’un culot de poudre au cours des premières 24 heures. Un culot se forme dans la GX dès J30 et augmente lentement jusqu’à J90. Aucune formation de culot n’a été observée dans OB jusqu’à J90. Le nombre d’inversions nécessaires pour obtenir l’homogénéité visuelle et la remise en suspension totale était (médiane [min-max]) de 43 [20-100], 3 [1-17] et 129 [36-324] respectivement pour InO, OB et GX.
Conclusion
OB offre la meilleure stabilité physique. L’InO présente un comportement newtonien, la sédimentation est rapide mais sa faible viscosité permet une remise en suspension plus facile que pour la XG, plus épais, dans lequel se forme aussi un culot. L’InO utilisé seul dans ces conditions semble incompatible avec une bonne stabilité physique et une administration sûre chez les patients dysphagiques (viscosité > 51 cP). L’OB est le meilleur candidat mais contient des excipients a effet notoire, dont il faut tenir compte lors de l’administration en pédiatrie. Sur la base de ces observations, nous pouvons conclure qu’il existe un besoin pour un nouveau véhicule de suspension.