Spectroscopie en proche infrarouge avec analyse multivariée : une étude de faisabilité pour le contrôle non destructif de la qualité des préparations pharmaceutiques
2 octobre 2024
M. Barrieu, J. Claves, M. Yessad, Y. Bouattour, M. Jouannet, Ph. ChennellUniversité Clermont Auvergne et CHU Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, France
Introduction
Le contrôle qualité (CQ) des préparations pharmaceutiques (PP) est un élément essentiel de l’activité de préparation des médicaments. Cependant, les analyses qualitatives et quantitatives nécessitent presque toujours un échantillon de la préparation (formes liquides) et peuvent être destructifs (formes solides). La spectroscopie en proche infrarouge avec analyse multivariée (NIR-MVA) est une nouvelle technologie qui pourrait éventuellement être utilisée pour le CQ des PP dans leur contenant primaire (seringues ou sacs) ou des formes galéniques (gélules). Cependant, elle n’a pas encore été testée en milieu hospitalier. L’objectif de cette étude de validation du concept était d’étudier les capacités analytiques de la NIR-MVA pour le contrôle qualité de plusieurs PP.
Matériels et Méthodes
Un spectrophotomètre à transformée de Fourier (TANGO-R®, Bruker) comprenant des accessoires brevetés pour optimiser la présentation de l’échantillon et le logiciel OPUSLAB fourni par Ayna Analytics® a été utilisé. Les capacités quantitatives du système ont été testées en utilisant plusieurs formes galéniques : capsules de spironolactone, solution ophtalmique d’amikacine (flacons en verre ambré), et solutions de bevacizumab dans des seringues en polypropylène ou des poches de perfusion. La capacité de discrimination (confirmation de l’identification) du système a également été testée à l’aide de plusieurs PP anticancéreuses injectables. Deux préparations de chaque substance active (mais avec un dosage différent) ont été analysées pour créer la base de données d’identification, puis 7 préparations d’identité non divulguée ont été soumises à l’analyse. Chaque préparation a été analysée soit directement dans son emballage primaire (poches, seringues, flacons en verre), soit sous forme d’unités individuelles, sans extraction (gélules).
Résultats
De façon générale, la capacité d’analyse quantitative du système a été démontrée pour les gélules, les seringues et les sachets. Par exemple, le système a été en mesure de quantifier (à l’intérieur de la plage de quantification) le contenu de 5 gélules indépendantes de 3 mg (biais de justesse moyen de -0,32 %). Les données préliminaires ont également montré qu’il était possible de quantifier correctement le contenu d’une poche de bevacizumab et d’une solution ophtalmique d’amikacine indépendantes. En ce qui concerne l’essai d’identification/discrimination : malgré le très petit nombre de spectres de référence inclus dans la base de données, le système a correctement identifié les préparations de nivolumab, de carboplatine et de gemcitabine.
Discussion / Conclusion
La NIR-MVA semble être technique analytique très prometteuse pour le CQ des PP. Dans cette étude préliminaire et malgré le très faible nombre de spectres de référence inclus dans la base de données, cette technique a permis l’identification correcte d’un anticorps monoclonal et un dérivé de platine, des composés réputés difficiles à analyser. Les capacités quantitatives du système semblent également prometteuses. La possibilité de quantifier correctement un composé directement dans son emballage primaire ou dans sa forme posologique pourrait offrir de nouvelles possibilités au pharmacien hospitalier qui cherche à effectuer un CQ rapide et sûr des PP, sans qu’il soit nécessaire de prélever un échantillon.