Retour d’expérience de 16 mois d’utilisation de 2 robots de production de préparations stériles de chimiothérapie en isolateur et sous flux laminaire dans une même unité.
3 octobre 2024
J-S. Giraud, S. Busse, E. Kobylarz, A. Hammadi, F. Khodja, K. Lazaro, A. Acramel, A. Hurgon, R. Desmaris, C. CrosInstitut Curie, Paris, France
Contexte
Les systèmes robotisés pour la production de préparations visent à sécuriser la production tout en optimisant les ressources humaines (RH). Bien que de plus en plus utilisées en France, peu de données sont encore disponibles sur leurs performances. Dans notre unité, nous avons fait le choix de 2 robots différents mais complémentaires pour répondre aux objectifs de productivité : Kiro Isolator® (K, Grifols) sous isolateur pour des doses standards (DS), et Apotecachemo® (A, Loccioni) sous hotte à flux laminaire pour des préparations nominatives, en production depuis février 2023.
Objectif
Nous rapportons ici notre retour d’expérience sur l’utilisation simultanée des 2 robots durant les 16 derniers mois.
Matériel et Méthodes
Sur la période de février 2023 à mai 2024, nous avons répertorié : le nombre de jours de fonctionnement, le personnel habilité, le nombre total de préparations, les molécules paramétrées, le nombre de non-conformités (NC) avec destruction, les contaminations microbiologiques, la productivité quotidienne, et réalisé l’analyse des bug d’interface avec le logiciel Chimio.
Résultats
Sur la période étudiée, 18 043 préparations ont été produites par les robots soit 26% de la production totale (68 654 préparations). Le robot K a ainsi produit 8 612 DS de 6 molécules différentes. Les 3 principales étaient le paclitaxel (55% de la production K), le cyclophosphamide (28%) et le docétaxel (7%). Le nombre de NC a été de 208 (2%). Concernant le robot A, 27 molécules ont été réalisées en routine pour un total de 9 431 préparations. Les 3 principales molécules fabriquées étaient le paclitaxel (16% de la production A), le pembrolizumab (13%) et la carboplatine (8%). Le nombre de NC a été de 123 (1%). Sur 334 jours ouvrés, K a fonctionné 184 jours (55%) et A 232 jours (69%). La productivité moyenne est de 6,62 DS/h (min : 3 ; max : 11) pour K et de 6,67 préparations/h (min : 3 ; max : 12) pour A. Sur 18 préparateurs (PPH) habilités à l’unité : 6 sont habilités à K, 6 à A dont 3 aux deux robots. Le nombre de cultures microbiologiques a été de 1 sur K et 27 sur A, majoritairement dues à de la flore aérobie non pathogène. Ces cultures semblent liées à un écart aux procédures dans le temps. Le nombre de bug d’interface s’est élevé à 21, non encore corrigés intégralement. La libération pharmaceutique des robots nécessite environ 0,5 ETP.
Discussion – Conclusion
Pour capitaliser sur cette nouvelle technologie, l’anticipation des prescriptions et leur validation pharmaceutique sont une nécessité. La robotique est une solution à la prévention des troubles musculosquelettiques par la réalisation de préparations complexes et le soulagement des équipes dans un contexte fluctuant en RH. Elle est également une solution pour lisser les activités et gagner en traçabilité et sécurité des préparations. Les pannes intempestives et donc l’immobilisation des équipements et la formation des PPH sont des axes prioritaires de travail.