Nouvelle capsule molle ouvrable pour la voie orale : nécessité de formes adaptées en pédiatrie et preuve de concept
3 octobre 2025
M. Chevais1,2, L. Rabouam1, C. Airaud1, B. Dessane1, G. Binson1,2, A. Dupuis1,21 Centre Hospitalier Universitaire, Poitiers, France
2 Université de Poitiers, CNRS 7267 EBI IHES, CIC-Inserm EATHER, Poitiers, France.
Le besoin de spécialités commerciales adaptées à la population pédiatrique reste un problème bien connu. De plus, certaines des spécialités adaptées existantes exposent les enfants à des excipients ayant un effet notoire et/ou sont des perturbateurs endocriniens. Une forme optimale serait une unidose contenant une forme liquide, sans excipients problématiques. Une capsule molle ouvrable utilisée comme dispositif d’administration oral pourrait répondre à ces critères. Les objectifs sont donc de déterminer le manque de spécialités adaptées disponible et l’exposition à des excipients à effet notoire, de créer une liste de principe actifs à formuler avec la nouvelle forme et d’établir la preuve de concept de cette dernière.
Une revue a été réalisée à l’aide de la méthode PRISMA. Les principes actifs (PA) cités dans les publications sélectionnées ont été identifiés. Les listes de PA essentiels de l’EMA et de l’OMS y ont été combinées. Il en résulte une liste classée par nombre d’occurrence. Une analyse a été conduit sur la composition en excipient à effet notoire des spécialités adaptées à la pédiatrie disponibles sur le marché français. Un premier PA (vitamine K, dose de 2 mg) a été utilisé pour réaliser la preuve de concept de la nouvelle forme Paediatrix® (fournie par Paediatis® Pharma). Une étude de stabilité et de précision de la dose a été réalisée en utilisant des spécialités existantes comme comparateurs : ampoule de 10 mg/mL avec une seringue de 1 mL pour la modalité multidoses et ampoule de 2 mg/0,2 mL avec le dispositif d’administration fourni pour la modalité unidose (Cheplapharm®). Pour ce faire, une méthode HPLC-UV indicatrice de stabilité a été entièrement développée et validée.
392 PAs figurent dans la liste, les 5 premiers étant, par ordre décroissant : le paracetamol, le propranolol, la spironolactone, la prednisolone et l’oméprazole. Parmi cette liste de PAs, 58,7 % n’ont aucune forme adaptée aux enfants sur le marché français. Parmi ces formes adaptées aux enfants, 57,0 % contenaient au moins un excipient à effet notoire. Les trois premiers excipients sur les 131 formulations adaptées aux enfants étaient : le para-hydroxybenzoate de méthyle (35,9 %), le sorbitol (30,5 %) et le saccharose (29,8 %). Parmi tous les excipients identifiés dans les formulations analysées, 31,4 % étaient des conservateurs. La méthode HPLC-UV indicatrice de stabilité a été entièrement validée. La capsule a montré une meilleure précision que les autres modalités (valeur p = 0,72, test de Wilcoxon à la valeur théorique). Les doses pré-préparées des spécialités commerciales n’ont pas permis de conserver la vitamine K à plus de 90 % de la dose initiale pendant plus de 2 heures.
Cette nouvelle forme semble prometteuse, car elle pourrait répondre à un besoin identifié, notamment en termes de sécurité d’administration (forme prête à l’emploi) et d’absence d’exposition aux conservateurs. Le défi reste toutefois de formuler des PA plus hydrophiles qui nécessitent une formulation à base de lipides de classe III et IV.
Mots clés : administration, voie orale ; capsule ; pédiatrie ; besoins et demande en matière de services de santé