Mise en place des Datamatrix sur les flacons : un gain de temps ?
1er octobre 2025
M. Lac, A. Narwa, N. Raimundo, A. Merou, M. Soutera, P. Jeanselme, K. Leger, O. Civier, S. Ennebet, C. Guillemot, F. Puisset, S. Perriat, A. MartelIUCT Oncopole, Toulouse, France
Objectif
L’Unité de Pharmacie Clinique Oncologique (UPCO) est dotée depuis 2016 d’une solution de contrôle vidéo-numérique (CVN) DRUGCAM® afin de sécuriser le process de préparation des chimiothérapies injectables. Ce système de CVN permet un contrôle « in process » et s’appuie notamment sur sa capacité à lire des Datamatrix pour assurer la reconnaissance des flacons. En l’absence de Datamatrix l’identification repose sur une bibliothèque d’images. Cette étude vise à évaluer en quoi la présence de Datamatrix sur le conditionnement primaire des flacons constitue un levier pertinent pour améliorer la sécurité et l’efficience du processus de production des chimiothérapies injectables.
Méthodes
L’étude s’appuie sur l’introduction des Datamatrix sur les flacons d’Holoxan® (Ifosfamide) en octobre 2024. Les données ont été extraites via DrugCam® sur deux périodes distinctes, chacune couvrant une durée de deux mois : avant (novembre 2023 et septembre 2024) et après (octobre et novembre 2024) leur mise en place. Les variables analysées incluent le temps de préparation, les erreurs de reconnaissance flacon, l’isolateur utilisé, la libération pharmaceutique en lot ou non, le jour de la semaine et l’état final de la préparation. Les préparations détruites ou réalisées le dimanche ont été volontairement exclues. Au total, 372 préparations ont été analysées (211 sans Datamatrix, 161 avec), à l’aide d’analyses descriptives et de tests de comparaison réalisés sur R Studio®.
Résultats
L’analyse met en évidence une diminution significative des erreurs de reconnaissance de flacons grâce à l’utilisation des Datamatrix. En l’absence de Datamatrix, une erreur survient dans environ 25 % des cas, contre seulement 6 % lorsque le flacon en est muni (p<0,001). En revanche, aucune différence significative n’a été observée concernant le temps de préparation, l’isolateur utilisé ou le jour de la semaine. Par ailleurs, la présence d’une erreur de reconnaissance ne semble pas allonger significativement le temps de préparation. Enfin, les préparations intégrant un Datamatrix permettent plus de libération en lot que lorsqu’elles n’en contiennent pas (74% avec contre 63% sans).
Discussion/conclusion
L’intégration des Datamatrix sur les flacons d’Holoxan® a fiabilisé leur reconnaissance et réduit les interruptions de tâche. La libération par lot rend le processus plus fluide qu’une libération individuelle, plus exigeante en contrôles et source d’interruptions. Si le temps de préparation reste stable, la diminution des interventions humaines renforce l’efficience organisationnelle. Ces résultats plaident pour une généralisation des Datamatrix sur tous les flacons, afin de sécuriser la préparation des chimiothérapies. Cet objectif reste toutefois à atteindre : au 1er janvier 2025, seuls 75 des 129 anticancéreux injectables de notre livret thérapeutique sont dotés d’un Datamatrix, soit 58 %.