Filtres en ligne en polyéthersulfone : une étude des extractible dans le cadre de l’administration de chimiothérapies

2 octobre 2025

A. Hassan1, J. Pinguet1, M. Barrieu2, M. Yessaad1, Y. Le Basle2, J. Claves1, V. Sautou2, P. Chennell2
1 CHU Clermont-Ferrand, Pôle Pharmacie, F-63003 Clermont-Ferrand, France
2 Université Clermont Auvergne, CHU Clermont Ferrand, Clermont Auvergne INP, CNRS, ICCF, F-63000 Clermont-Ferrand, France

Introduction
Les filtres en ligne sont largement utilisés lors de l’administration de chimiothérapies, notamment pour éliminer les particules pendant la perfusion. Ils sont le plus souvent composés d’une membrane filtrante en polyéthersulfone (PES) et d’une coque en acrylique modifié. Des études récentes rapportant des cas de réactions d’hypersensibilité allergique lors de perfusions d’étoposide utilisant des filtres en ligne suggèrent une potentielle interaction contenant-contenu impliquant des composés du filtre. Cette étude visait à identifier et à caractériser les composés extractibles des filtres en PES susceptibles de contribuer à ces réactions indésirables, afin d’améliorer les protocoles de sécurité des chimiothérapies.

Matériels et Méthodes
Nous avons analysé trois filtres en ligne de 0,22 µm (F1, F2 et F3) fournis par trois fabricants différents. Chaque dispositif a été désassemblé en sa membrane PES constitutive et sa coque. Les extractions ont ensuite été réalisées pendant 24 heures à 37°C, conformément aux directives ISO-10993-12, dans quatre solvants d’extraction de polarité différente afin d’extraire une large gamme de composés : isopropanol (IPA), hexane (non polaire), tampon aqueux à pH 3 et pH 9 (simulant le pH extrême des solutions de médicaments injectables). Les extraits ont été analysés par chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie de masse, les extraits aqueux étant préalablement soumis à une extraction liquide-liquide à l’aide de dichlorométhane. L’identification a été réalisée par comparaison avec la bibliothèque de spectres de masse du National Institute of Standards and Technology (NIST2020). Chaque expérience a été réalisée en triplicat et des blancs procéduraux ont été utilisés afin de vérifier l’absence de contamination. Une analyse de la littérature a été réalisée pour identifier les composés potentiellement allergisants parmi ceux reconnus.

Résultats
Nous avons détecté 43, 70 et 36 composés dans les extractions IPA des membranes et 13, 12 et 19 dans les coques pour F1, F2 et F3 respectivement. Dans les extraits d’hexanes, nous avons trouvé 40, 61 et 30 composés dans les membranes et 18, 17 et 15 dans les coques (F1, F2 et F3 respectivement). Dans les extraits aqueux, nous avons trouvé 2, 3 et 2 composés de la membrane et 2, 2 et 1 composés de la coque (F1, F2 et F3 respectivement). Parmi les composés potentiellement allergènes des membranes, le caprolactame et le benzaldéhyde ont été identifiés. Dans les coques, le méthacrylate de méthyle et le styrène ont été trouvés.

Discussion-Conclusion
Cette étude met en évidence la présence de composés potentiellement immuno-allergiques dans les filtres en ligne utilisés pour la perfusion de préparations des anticancéreux injectables, qui pourraient potentiellement migrer à leur contact. Bien qu’obtenus dans des conditions exagérées, ces résultats soutiennent l’hypothèse d’une interaction contenant-contenu entre le filtre et certaines préparations, susceptible de compromettre la sécurité des patients. Ceci souligne l’importance d’évaluer les interactions contenant-contenu pour les dispositifs utilisés dans les unités de préparation des anticancéreux et pour l’administration de ces préparations, afin de garantir la sécurité des préparations.

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