Évaluation prospective de l’impact économique d’une robotisation de la préparation des chimiothérapies au sein d’un Centre de Lutte Contre le Cancer
1er octobre 2025
A. Maes, C. Mennetrier, S. Capron, F. Basuyau, J. RouvetCentre Henri Becquerel, Rouen, France
Objectif
Évaluer l’impact économique de l’acquisition d’un robot APOTECAchemo® au sein d’un Centre de Lutte Contre le Cancer (CLCC) réalisant plus de 45 000 préparations par an, dans un contexte de restructuration de la PUI et d’extension de l’activité ambulatoire prévue pour 2026.
Méthodes
Une analyse économique prospective a été menée en collaboration avec la direction financière et le département d’information médicale du CLCC. Deux scénarios ont été comparés : un scénario « avec robot » (robot + 2 isolateurs double poste) et un scénario « sans robot » (3 isolateurs double poste). Les coûts considérés incluaient : personnel, équipements, maintenance, consommables, électricité. Des projections ont été réalisées sur 8 ans à partir de 2026, avec une hypothèse d’augmentation d’activité de +30 % sur 5 ans. Les indicateurs économiques étudiés étaient : coûts cumulés, coût unitaire par préparation, retour sur investissement et seuil de rentabilité. Les coûts sont exprimés TTC.
Résultats
La projection des coûts cumulés entre 2026 et 2033 montre une économie de 244 659 € en faveur du scénario robotisé. Cette économie résulte principalement de la réduction des charges liées au personnel et aux consommables, tandis que les surcoûts concernent les équipements et la maintenance du robot. Le retour sur investissement est atteint après 5,8 ans, indiquant qu’à partir de ce seuil, les économies générées par l’utilisation du robot compensent son coût initial. Le seuil de rentabilité est estimé à 50 000 préparations par an, au-delà duquel une robotisation de la production devient économiquement avantageuse. Le coût moyen d’une préparation s’élève à 19,21 € avec robot, contre 19,73 € sans robot. Dans le scénario robotisé, les dépenses se répartissent majoritairement entre le personnel (64 %), les consommables (21 %), la maintenance (10 %) et les équipements (5 %), tandis que la consommation électrique reste marginale (0,5 %).
Discussion-conclusion
Au-delà des gains attendus en termes de capacité de production et de sécurisation des processus, cette étude, innovante en France, confirme la faisabilité économique d’un projet de robotisation dans un contexte d’augmentation d’activité. Bien que l’étude de Masini et al. [1] identifie un seuil de rentabilité autour de 34 000 préparations annuelles, nos résultats suggèrent un seuil plus élevé (50 000), tenant compte des coûts et spécificités organisationnelles françaises. Le retour sur investissement, atteint à presque 6 ans, est ainsi fortement conditionné au volume de production, mais aussi aux stratégies de réduction des coûts mises en place (optimisation des consommables, répartition des ressources humaines). Un suivi des dépenses en conditions réelles dès la mise en production permettra de confirmer ces projections et d’ajuster les paramètres si nécessaire.
[1] Masini C, et al. Pharm World Sci. 2010 ;32(1):97–103.