Étude de stabilité de différentes insulines dans un mélange binaire de nutrition parentérale
1er octobre 2025
T. Ternel1,2, C. Foulon1, M. Kouach1, T. Dine1, H. Henry1,2, P. Odou1,21 Univ. Lille, ULR 7365 - GRITA - Groupe de Recherche sur les formes Injectables et les Technologies Associées, F-59000 Lille, France
2 CHU Lille, Institut de pharmacie, F-59000 Lille, France
Introduction
La perfusion de nutrition parentérale (NP) induit souvent une hyperglycémie, augmentant la morbi-mortalité des patients à travers le risque infectieux. Pour limiter cet effet secondaire, de l’insuline est administrée conjointement à la NP. L’administration sous-cutanée d’insuline augmentant le risque d’hypoglycémie (arrêt imprévu de la NP), l’ajout d’insuline rapide directement dans le mélange de NP pourrait représenter une alternative plus sécurisée. Cependant, comme recommandé par la SFNCM, une étude de stabilité doit être réalisée au préalable. Une étude antérieure a montré une réduction de 50 % de la concentration en insuline humaine dès 6 heures après ajout dans un mélange binaire industriel (partie binaire d’une poche d’Olimel®), en lien avec une réaction de glycation de la protéine.
L’objectif de ce travail est d’évaluer la stabilité de différentes insulines dans un mélange binaire industriel de NP associée à l’apparition d’une forme glyquée de ces insulines, afin d’établir une recommandation quant à l’utilisation d’une insuline préférentielle dans cette situation.
Méthodes
Les insulines humaine (Umuline Rapide® (UR)), asparte (Asparte Sanofi® (ASP)) et glulisine (Apidra® (API)) ont chacune été mises en solution (n = 3 ; 0,07 mg/L) dans un mélange binaire industriel de NP (Smofkabiven®), supplémenté en vitamines et oligo-éléments. Ces solutions ont été conservées à 25°C pendant 24h. Après optimisation des paramètres de détection des insulines et de leur forme glyquée, une méthode de dosage des insulines par étalonnage interne en CLHP-SM/SM a été validée. Les insulines ont été dosées à différents temps de t0 à t24h afin d’exprimer le taux de disparition de l’insuline en fonction du temps. En parallèle, un suivi du rapport des aires des formes glyquées sur l’aire de l’étalon interne a été effectué.
Résultats
Une diminution rapide de la concentration d’insuline a été observée dès t1h pour UR et ASP alors que celle de l’API était plus progressive. À t6h, celle-ci est, respectivement pour UR, ASP et API, de -42 ± 11% ; -50 ± 4% et -14 ± 4%. Une phase de plateau est ensuite atteinte avec une diminution à t24h de -37 ± 6% ; -52 ± 7% et -19 ± 11%. A l’inverse, de façon corrélée, les aires des formes glyquées sur l’aire de l’étalon interne augmentent.
Discussion/Conclusion
La diminution de la concentration de UR, dans le mélange de NP utilisé, confirme les résultats de l’étude antérieure. En comparaison, elle est supérieure pour ASP et très inférieure pour API. La proportion de glycation des insulines semble différente selon les spécialités (structure et composition différentes) et l’utilisation de l’API dans la NP semblerait à privilégier. Il serait intéressant de tester la stabilité d’autres insulines dans la NP et d’évaluer la bioactivité des formes glyquées versus non glyquées.