Contamination de surfaces des hôpitaux canadiens : résultats du programme de surveillance de 127 hôpitaux en 2025
3 octobre 2025
M. Elluard1, C. Tanguay1, N. Caron2, C.-M. Cirtiu2, J.-F. Bussières1,31 Unité de recherche en pratique pharmaceutique, CHU Sainte-Justine, Montréal (Québec) Canada
2 Centre de toxicologie du Québec (CTQ), Institut national de santé publique du Québec, Québec, Canada
3 Faculté de pharmacie, Université de Montréal, Montréal (Québec) Canada
Contexte
L’exposition prolongée aux antinéoplasiques présente des risques de toxicité (génotoxique, reprotoxique, cancérogène, tératogène et toxique pour un organe) et pourrait concerner environ 36 000 professionnels de santé hospitalier au Canada. Un programme de surveillance environnementale des antinéoplasiques est proposé aux hôpitaux canadiens afin de limiter la contamination et de protéger les travailleurs. Objectif : Décrire les résultats de contamination de surfaces des hôpitaux canadiens aux antinéoplasiques en 2025.
Méthode
Les hôpitaux souhaitant participer ont été invités à compléter un questionnaire sur leurs pratiques et ont reçu un kit de prélèvement. L’échantillonnage a été fait sur douze surfaces standardisées selon un protocole détaillé. Dix antinéoplasiques (cyclophosphamide, docétaxel, doxorubicine, étoposide, 5-fluouracile, gemcitabine, irinotécan, méthotrexate, paclitaxel, vinorelbine) ont été dosés par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse. Pour les platines solubles, le dosage était optionnel et a été réalisé par spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif. Un résultat était considéré positif si la concentration mesurée était supérieure à la limite de détection. Des statistiques descriptives ont été réalisées. Les résultats ont été partagés à chaque centre participant via une plateforme sécurisée.
Résultats
En 2025, 127 hôpitaux ont participé, répartis dans six provinces canadiennes. Plus de la moitié ont opté pour le dosage des platines (62% ; 79/127). Le cyclophosphamide était le médicament le plus fréquemment retrouvé (22,1% ; 321/1453 ; 75ème percentile < 0,0006 ng/cm2) suivi du gemcitabine (13,6% ; 197/1453 ; 75ème percentile < 0,0004 ng/cm2), et du 5-fluouracile (3,7% ; 54/1453 ; 75ème percentile < 0,04 ng/cm2). Les surfaces les plus contaminées au cyclophosphamide était le bras de fauteuil (60,7% ; 74/122 ; 75ème percentile : 0,005 ng/cm2), la grille frontale de la hotte (43,7% ; 52/119 ; 75ème percentile : 0,006 ng/cm2) et le plancher devant la hotte (35,8 ; 43/120, 75ème percentile : 0,003 ng/cm2). Plus de la moitié des hôpitaux (55% ; 67/122) ont un comité sur les médicaments dangereux et 57% (38/67) ont indiqué se réunir au moins trois fois par année.
Discussion/conclusion
Des traces d’antinéoplasiques sont mesurées et les concentrations varient selon les surfaces prélevées, les médicaments dosés et les pratiques spécifiques des hôpitaux. Le cyclophosphamide reste le médicament le plus fréquemment retrouvé, confirmant les tendances des années précédentes. Afin de limiter la contamination et le risque d’exposition, les travailleurs doivent être informés et formés. À ce titre, les hôpitaux sont encouragés à partager leurs résultats avec leurs équipes ; pour les aider une infographie leur est partagée et un webinaire est organisé annuellement.