Performance des opérateurs dans la gestion du bris de flacons cytotoxiques

4 octobre 2023

A. Garnier, P. Bonnabry, L. Bouchoud
Hôpitaux Universitaires de Genève, Suisse

Objectifs
Les nouveaux opérateurs en pharmacie suivent une formation initiale sur la gestion du bris de flacon cytotoxique, mais cette formation n’est pas renouvelée dans le temps. Ces dernières années, des incidents ont laissé les opérateurs en pharmacie désemparés et stressés. Il a été décidé de mettre en place une nouvelle formation par simulation pour renforcer leurs compétences dans la gestion du bris de flacons cytotoxiques. L’objectif de cette étude était d’évaluer le niveau initial des opérateurs afin d’identifier leurs besoins pour cette future formation.

Méthodes
La procédure de gestion du bris de flacons cytotoxiques a été divisée en 4 parties (isoler, se protéger, nettoyer et éliminer) composées chacune de 5 à 7 étapes scorées 0 ou 1 (21 étapes au total). Un point supplémentaire était accordé si l’opérateur lisait la procédure pour se guider lors de la gestion de l’incident. Dans un endroit discret de la pharmacie, le pharmacien formateur cassait à chaque fois un flacon rempli d’eau par terre. Les opérateurs n’ont pas été informés de cet exercice et chaque opérateur a été appelé pour gérer le problème sans donner d’indication supplémentaire. Les opérateurs ont été filmés lors de la découverte et de la gestion de la casse avec le kit. Si certains opérateurs doutaient de la nature cytotoxique du liquide, il leur était demandé de tout de même utiliser le kit. Le consentement à être filmé a été obtenu oralement. Le formateur est resté pendant la prise en charge du flacon pour noter le processus et a pu revoir le film si besoin.

Résultats
Onze opérateurs ont participé à l’étude (91,7 % de l’équipe de production). Le temps de traitement du problème était en moyenne de 17,3 minutes (SD = 4,6 minutes ; min = 11, max = 23) et le score moyen était de 74,2 % (SD = 3,7 % ; min = 68 %, max = 77 %). Lors de la découverte de la casse, deux opérateurs ont immédiatement recouvert le liquide avec du papier, ce qui ne fait pas partie de la procédure. Les principales erreurs ont consisté à ne pas porter le masque FFP3 fourni dans le kit, à oublier l’une des deux paires de gants ou à ne pas désinfecter la zone après l’avoir nettoyée à l’eau. Parmi les participants, 63,6% ont spontanément souligné l’intérêt de cet exercice, car ils étaient rarement confrontés à ce genre de problème.

Discussion-Conclusion
Les compétences des opérateurs sont assez homogènes mais certaines étapes cruciales pour leur protection ont parfois été oubliées. Aussi, certains gestes spécifiques, probablement hérités de formations antérieures dans d’autres institutions, sont restés. Environ 25% des exigences ne sont pas remplies, ce qui confirme la pertinence de construire une nouvelle formation en situation de simulation. Compte tenu de la dangerosité des produits cytotoxiques, un score moyen de 90% sera visé et la future formation portera principalement sur les lacunes identifiées lors de cette étude.

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