Volume résiduel dans les poches semi-rigides utilisées pour la préparation d’anticancéreux : mythe ou réalité ? Evaluation et impact en pratique

Introduction
La préparation des anticancéreux injectables est assurée par l’Unité Centralisée de Préparation des Chimiothérapies (UCPC) de notre centre hospitalier (CH), principalement par dilution dans des poches de solvants semi-rigides de chlorure de sodium 0,9% (NaCl) ou de glucose 5% (G5). Les infirmières administrent ces préparations grâce à une pompe à perfusion qu’elles programment en fonction du volume final de la poche (étiquetage Chimio^®) et du débit de perfusion. Cependant, un volume résiduel persiste après administration. L’objectif est de mesurer ce volume et de calculer la dose non administrée au patient.

Matériels et méthodes
Nous avons récupéré l’ensemble des préparations des 22, 23 et 24 mai 2023 administrées en service d’hôpital de jour d’oncohématologie du CH. Le volume résiduel dans les poches de 100mL et 250mL a été prélevé dans l’isolateur pour éviter toute contamination, à l’aide d’une seringue et d’un perforateur. Comme comparatif, nous avons répété cette manipulation sur 10 poches de NaCl 100mL et 250mL et 10 poches de G5 100 mL et 250 mL non reconstituées.

Résultats
Au total, 42 poches d’anticancéreux ont été récupérées : 15 poches de NaCl 100 mL, 6 poches de glucose 100 mL, 6 poches de NaCl 250 mL et 15 poches de glucose 250 mL.
Le volume résiduel moyen des poches est de 5,00 mL, quel que soit le volume nominal de la poche ou le type de solvant. Cela équivaut à 3% [min : 1,36% ; max : 6,84%] de la dose qui ne sera pas administré au patient.
Pour les poches de 100 mL, la dose résiduelle moyenne est de 4,5%, tandis qu’elle est de 1,9% pour les poches de 250 ml
9 poches ont été récupérées avec une dose restante équivalente à plus de 5% de la dose initiale. Cela concerne uniquement des poches de 100 mL, représentant ainsi 43% de ce type de préparations.
Sur les poches de solvants non reconstituées, nous retrouvons un volume résiduel moyen de 5,67 mL, sans différence significative en fonction du solvant ou du volume initial.

Discussion et conclusion
Un risque de sous-dosage se pose notamment pour les poches de 100 mL, puisqu’environ la moitié des patients a reçu une dose au moins 5% inférieure à la dose prescrite. Ce chiffre est probablement sous-estimé car la totalité du volume résiduel n’a pas pu être prélevée.
Cette problématique semble spécifique aux poches et non dépendante du produit ajouté dans le solvant, elle est donc à élargir pour l’ensemble des médicaments reconstitués, même hors cancérologie. Ce risque est d’autant plus important pour les médicaments à marges thérapeutiques étroites ou encore en pédiatrie.
Cela doit nous amener à modifier nos pratiques, le passage à des poches de solvants souples pourrait être une alternative en fonction du volume résiduel de celles-ci.

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