Contamination des surfaces par les médicaments anticancéreux au sein d’un service de soins.

14 octobre 2019

Atgé B1,2,3, Léger C2, Da Silva Caçao O1, Verdun-Esquer C2,4, Molimard M1, Villa A5, Canal-Raffin M1,2,4 1 Laboratoire de Pharmacologie Clinique et de Toxicologie, CHU Bordeaux, France
2 Service de Santé Travail Environnement, CHU de Bordeaux, France
3 AHI33, Service de Santé au Travail, Bordeaux, France
4 INSERM U1219, équipe EPICENE, Université de Bordeaux, France

Contexte – objectif
Le traitement des cancers implique l’utilisation de médicaments classés « dangereux à la manipulation » pouvant induire un risque sanitaire pour le personnel qui y est exposé. Ce personnel se contamine le plus souvent par voie cutanée soit directement au contact du médicament anticancéreux (MAC) ou de patients traités, soit indirectement au contact de surfaces de travail contaminées. Notre objectif était de décrire la contamination des surfaces par les MAC dans un service de soins dont le taux de contamination interne du personnel infirmier est préoccupant (> 80%).

Méthode
Un kit de prélèvements de surface associé à une méthode de dosage de haute sensibilité (UHPLC-MS/MS) développés au CHU de Bordeaux ont été utilisés pour identifier et quantifier 15 MAC. Les zones à prélever ont été sélectionnées en analysant le circuit du médicament au sein du service et les postes de travail.

Résultats
Une contamination des surfaces par les MAC a été mise en évidence dans l’ensemble du service de soins étudié. Au total, 100% des prélèvements (n=24) montrent la présence d’au moins un MAC, avec principalement la détection de méthotrexate (91,6%, n = 22/24), d’ifosfamide (91,6%, n = 22/24) et de cyclophosphamide (83,3%, n = 20/24). Dans les chambres de patients traités (n=9), les niveaux de concentrations, tous MAC confondus, étaient compris entre 1 pg/cm² et 1 ng/cm². Ils sont jusqu’à 10 à 104 fois plus élevés, comparativement aux autres zones étudiées (p<0,001 ; Student). Sur le matériel informatique (n=4), à l’accueil du service (n=2) et dans la salle de repos (n=2), des concentrations de 1 à 100 pg/cm² ont été retrouvées. Les concentrations les plus faibles ont été détectées dans les salles de soins sur les plans de travail (n = 7) avec des valeurs comprises entre 0,1 et 1 pg/cm².

Discussion – Conclusion
Ces résultats indiquent que dans les services de soins, les surfaces autour du circuit des médicaments anticancéreux présentent un niveau de contamination beaucoup plus faible que celles des chambres des patients. Ceci s’explique par une fréquence de nettoyage plus élevée des plans de travail des salles de soins et/ou par l’utilisation de produits d’entretien différents et/ou une plus grande vigilance du personnel envers le risque de contamination aux MAC directement en lien avec leur manipulation et une méconnaissance du risque de contamination de l’environnement du patient par ce dernier. En effet, dans un service de soins, en dehors des MAC en eux-mêmes, le patient serait la principale source de contamination de l’environnement via ses excreta (urines, sueurs, vomissures), restant contaminant jusqu’à plusieurs jours après l’administration de MAC. Des mesures correctrices vont être mises en place concernant les procédés de nettoyage actuellement insuffisant des chambres. Par ailleurs, une réflexion sur le rôle du patient dans la prévention de la contamination de son environnement sera menée.

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