Bactériophages : partage d’expérience pharmaceutique autour d’un cas clinique

14 octobre 2019

A. Ladaique, A. Tible-Sicard, V. Vieillard, P. Desgranges, W. Saeed, M. Paul et M. Verlinde-Carvalho
Hôpital Henri Mondor - Créteil

La phagothérapie, thérapie ancienne mais oubliée dans nos pays occidentaux, consiste en l’administration de bactériophages, virus infectant spécifiquement une souche bactérienne, pour le traitement de patients infectés en impasse thérapeutique. Pour l’heure, elle ne dispose pas de cadre réglementaire.

Objectif
Cas d’un patient de 65 ans atteint d’une infection ostéo-articulaire à Streptocuccus dysgalactiae equisimilis et Staphylococcus aureus multi-résistants sur moignon du calcanéum, amputé pour mal perforant diabétique.

Méthode
Une demande d’Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU) nominative est adressée à l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) mais ne peut être honorée. L’ANSM demande des résultats microbiologiques récents et prend en compte la situation clinique péjorative. En parallèle, une demande en compassionnel est effectuée auprès du seul industriel impliqué en France : Pherecydes Pharma, qui réalise un phagogramme à partir du prélèvement bactériologique. Deux souches de phages anti staphylococcus aureus sont actives.
Préparation magistrale sous responsabilités médicale et pharmaceutique en raison de l’absence de standards de qualité et de production industrielle, en conditions stériles. La totalité de chaque flacon de 1 ml de phage doit être administrée au patient, après resuspension en NaCl dans une poche vide stérile. Le volume total de la préparation est convenu avec le médecin en fonction de la surface à traiter (ici 30 ml). Conservation 2 heures à température ambiante. Un fichier de suivi de la décroissance du titre renseigne sur la dernière concentration connue par le fabricant.
Bio-décontamination de la hotte pré et post-préparation ; élimination des déchets via les Déchets d’Activités de Soins à Risque Infectieux.
Administration : Premier cycle J1 J3 puis 2ème cycle à 7 jours d’intervalle J1 J3 J6 en application locale et injection ostéo-articulaire.

Résultats
Les résultats sont satisfaisants en association avec les gestes de détersion et l’antibiothérapie, avec un bourgeonnement harmonieux de la plaie après 5 administrations. L’évolution, secondairement défavorable suite à l’arrêt de la tazocilline 3 jours après la dernière administration, donne lieu à une amputation transtibiale 16 jours après la dernière administration de phages.

Conclusion
Thérapie prometteuse, accompagnée par l’ANSM, la phagothérapie nécessite la définition de ses indications précises et modalités d’administration (rythme, voie, dose), après réalisation d’essais cliniques (phagoburn terminé, d’autres à venir). Pour l’heure, un laboratoire fabricant en France met à disposition des souches anti S. aureus et anti P. aeruginosa en compassionnel, fabriqués non industriellement mais de qualité compatible avec un usage en clinique, dans l’attente de sa capacité à produire des phages selon un procédé qualifié qui permettra l’octroi d’ATU d’ici fin 2019.

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